Discours de ma cérémonie de vœux 2019

Vous étiez près de 700 à assister à ma traditionnelle cérémonie des vœux, lundi 7 janvier. Merci à toutes et tous !

Retrouvez mon discours ci-dessous :

 

« Madame le Préfet,

Monsieur le Président du Conseil départemental, Cher Laurent,

Monsieur le Député suppléant, Cher Olivier,

Madame la Conseillère Régionale, Chère Isabelle,

Mesdames et Messieurs les Conseillers départementaux, Chers Collègues,

Mesdames et Messieurs les Maires et élus municipaux,

Mesdames et Messieurs les Directeurs Départementaux des Services de l’Etat, des Collectivités territoriales,

Mesdames et Messieurs Représentant les forces de Gendarmerie, de Police et de Sapeurs Pompiers,

Mesdames et Messieurs les Représentants du monde économique, agricole, cultuel, associatif, éducatif, syndical, culturel, sportif, social,

Mesdames et Messieurs, Chères et Chers amis

______________

Le plus difficile dans l’exercice des voeux ça n’est pas de savoir ce que je dois vous dire, mais plutôt de savoir ce que je dois renoncer à vous dire.

Le Président de la République y parvient en 16 minutes. Mais moi je ne peux pas vous livrer un bilan en 16 minutes, alors j’en prendrai un peu plus.

Ensuite, quand on souhaite des voeux, on se projette dans un avenir optimiste, dynamique. On se réjouit de ce qui s’est passé l’année d’avant et on s’enthousiasme à l’idée de ce qui va se passer l’année suivante.

Là, l’exercice se corse un peu plus.

Néanmoins, parmi tout ce que j’ai à vous dire, il y a un certain nombre de choses dont je suis certain.

Je suis d’abord certain du plaisir que j’ai à vous retrouver ici et je vous en remercie. Cet exercice n’est pas une contrainte pour moi. J’ai à vous rendre des comptes sur mon action, je le fais volontiers et pas qu’en début d’année. Par ailleurs je crois fondamentalement qu’il est toujours bon de se retrouver dans notre immense diversité.

Je suis également certain de devoir remercier la Ville de Privas et son maire Michel Valla qui me permet une nouvelle fois de vous accueillir dans cette salle municipale.

Enfin, ce dont je suis certain aussi, c’est que j’ai parfois la culpabilité de celui qui s’éloigne de l’Ardèche pour rejoindre le Palais Bourbon et j’ai donc besoin de vous retrouver. Ce moment en est une occasion parmi d’autres et j’en suis heureux.

Vous retrouver pour un bilan de l’année 2018 qui serait difficile à résumer d’un mot. Alors comme l’époque est au zapping, et bien zappons, avec un peu de légèreté si vous le voulez bien !

• 2018 a été la 4ème année la plus chaude depuis qu’on mesure les températures dans le monde.

• Le 50ème anniversaire de mai 68 a été fêté, surtout à partir du mois de novembre et les festivités pourraient se prolonger en 2019.

• Simone Veil est entrée au Panthéon avec son époux. Ça n’est que justice.

• Alexandre Benalla, que personne ne connaissait en mai 2018, est passé au statut de star médiatique dès le mois de juin.

• Nicolas Sarkozy a passé 25 heures en garde à vue.

• François Hollande s’ennuie, alors il est est venu jusqu’à Privas pour vendre son livre.

• La France a voté l’impôt à la source, mais elle a tellement hésité que certains doutent encore de son application.

• Notre pays est devenu champion du Monde de foot pour la seconde fois mais on l’a presque oublié et on continuera à penser que la France n’a gagné qu’une fois pour de vrai, c’était en 98.

• Les Françaises ont également remporté le titre européen de Hand Ball.

Et puis en 2018, il y a eu ceux qui nous ont quitté, provisoirement ou définitivement.

• Johnny Halliday et Charles Aznavour ont rejoint le paradis fiscal pour l’éternité.

• Paul Bocuse a quitté ses fourneaux.

• Nicolas Hulot a compris qu’il valait mieux vendre du shampooing Ushuaia que de faire le Ministre et Manuel Valls est parti jouer les Matadors à Barcelone.

Dans le monde, c’est moins léger,

• Le Brésil s’est jeté dans les bras d’un personnage homophobe, raciste et fascisant.

• Au Vénézuela, Maduro s’est octroyé les plein pouvoirs.

• En Syrie Bachar El Hassad continue le massacre de son peuple.

• En Turquie, Erdogan impose tranquillement sa dictature.

• Aux Etats-Unis, Trump tweet avec le Président de la Corée du Nord et Poutine en rit beaucoup, mais pas nous.

En Europe,

• l’Angleterre a voté son Brexit et n’en fini plus de préparer sa sortie de l’Union. Elle hésite. Elle n’est ni pour, ni contre, bien au contraire.

• La mode est à la coalition en Europe. L’Italie s’en est donnée une, elle est populiste et inquiétante.

• D’autres coalitions, impensables il y a quelques années, ont vu le jour en Autriche ou au Pays Bas.

• La grande coalition allemande vacille et le spectre néo-nazi toque à la porte.

• La Belgique continue à vivre sans Gouvernement.

• La Pologne musèle ses journalistes.

• La Hongrie glisse dans le populisme de Victor Orban.

Plus aucune démocratie ne semble vouloir incarner les valeurs originelles de l’Europe, celles qui ont permis la paix en 1945.

C’est ainsi que 2262 êtres humains comme vous et moi sont morts en essayant de traverser la Méditerranée en 2018, cette mer au bord de laquelle on passe des vacances heureuses en été.

Personne n’a manifesté pour eux. Ils n’ont pas de sépulture. Personne ne les commémorera. Il faut s’interroger sur ce scandale qui ne scandalise plus grand monde.

Et avec tout ça, il faudra voter pour les élections européennes le 26 mai prochain.

Alors vous voterez ce que vous voudrez bien entendu, mais permettez-moi de formuler un voeu: que la France, mon pays, ne rejoigne pas la cohorte de ceux qui veulent tuer l’Europe et revenir à celles d’autrefois, cette Europe qui s’est fait la guerre pendant des siècles.

Je sais qu’en disant cela, je ne me ferai pas que des amis. Mais je préfère perdre des amis en disant ma conviction plutôt que de les garder en taisant ce que j’ai sur le coeur.

Je suis et resterai profondément européen.

Ça, c’était pour la rétrospective 2018 dans le monde, en Europe et en France.

Et pendant ce temps en Ardèche, c’était quand même beaucoup mieux :

Nous avons bouclé le plan de financement de la déviation du Teil et les grands travaux ont commencé

Le projet de renouvellement urbain, dans cette même commune du Teil, est sur les rails et le protocole ANRU a été signé pour un montant d’investissements de 16 millions d’euros

Privas a été retenue dans le dispositif d’Etat baptisé Action coeur de ville et fait donc partie de ces 222 villes moyennes qui seront accompagnées dans leurs projets par l’Etat.

Le permis de construire de l’hôpital Sainte-Marie a été signé et les travaux vont débuter dans l’année.

Le permis du tout nouveau centre d’incendie et de secours de Privas a lui aussi été signé et la consultation des entreprises a été lancée

Le centre aquatique est sorti de terre.

Le théâtre de Privas va commencer son lifting cet été.

Les navettes urbaines ont investi le paysage à Privas et transportent près de 3000 voyageurs chaque semaine

La voie verte de la Payre a été ouverte et ses détracteurs sont devenus des adeptes

Vernoux a aussi lancé son projet de rénovation urbaine avec la rénovation de la Mairie, la reconstruction de la piscine et d’une bibliothèque

Bourg-Saint-Andéol a posé la première pierre du futur siège de la communauté de communes

Nous avons achevé et inauguré les Ehpad de Marcols, de Saint-Pierreville, la Caserne de Saint-Martin de Valamas.

Nous avons mené un combat difficile avec les habitants de Saint-sauveur et de la vallée de l’Eyrieux pour que leur maison de retraite soit reconstruite là où elle se trouve.

A La Voulte nous avons posé la 1ère pierre du collège et plus au Nord, bouclé le financement des travaux du Pont de Charmes avec l’Etat.

Au Cheylard, la dynamique industrielle retrouve des couleurs et les établissements Perrier s’agrandissent.

Nous avons lancé, grâce au Groupement de gendarmerie de l’Ardèche, le dispositif Stop Victimes pour les femmes victimes de violence.

Nous avons fêté les 10 ans du festival d’Alba qui a accueilli 180 000 visiteurs

Nous avons commémoré le 100ème anniversaire de la Grande Guerre et fêté Robert Marchand qui savait déjà lire et écrire au moment de l’armistice

Un accord historique a été signé avec les 3 inventeurs de la Grotte Chauvet qui sont désormais partie prenante de cette grande aventure

François Jacquart continue de se battre pour le retour du Train de voyageurs en Ardèche et sa ténacité force le respect; je lui souhaite donc de réussir

Voilà pour un rapide tour d’horizon dans la circonscription. Et il s’est quand même passé de belles choses en Ardèche !

Vous aurez peut-être noté que la rétrospective nationale et internationale, n’est pas tout à fait la même que la retrospective locale. Non pas que l’Ardèche soit le paradis sur terre et que tout le monde y soit heureux. Mais au fond, si l’on veut se rassurer, il est parfois utile d’éteindre BFMTV et France Info pour regarder autour de soi. C’est un moyen de se dire que si le monde avance à reculons, peut-être que l’Ardèche n’a pas perdu sa boussole et qu’elle progresse, grâce à vous.

Et puis enfin, dans ce bilan, il y a la vie du parlementaire, dans l’hémicycle.

Souvent on me demande de bien défendre l’Ardèche à Paris. Et je le comprends. Mais faire la loi, infléchir les textes du Gouvernement, les enrichir ou s’y opposer parfois, ça ne peut pas se limiter à l’Ardèche. Le travail parlementaire, c’est voter des lois pour la France et pour tous les Français. Car nous sommes, normalement, tous égaux devant la Loi. Ça s’appelle l’égalité républicaine.

Alors bien sûr, l’Ardèche est toujours dans un coin de ma tête lorsque je suis à Paris.

• Lorsque je plaide pour la revalorisation des retraites agricoles, 
• Lorsque je me mobilise, avec d’autres, pour les travailleurs saisonniers, 
• Lorsque je tire la sonnette d’alarme devant l’abandon du réseau de téléphonie fixe, 
• Lorsque je défends une proposition de loi pour mettre un terme à la désertification médicale,
• Lorsque j’explique que les routes constituent le principal moyen de se déplacer et qu’il faudrait penser à trouver de quoi les entretenir, faute de quoi on va au-devant de graves difficultés.

Et puis il y a bien d’autres sujets sur lesquels j’ai voulu mener le combat et qui vont au-delà des intérêts de l’Ardèche seule. Je pense par exemple à :

• À la législation sur les Fake news, 
• Aux coups portés à la construction des logements sociaux
• Au travail que j’ai pu mener dans la commission d’enquête sur la sureté et la sécurité nucléaire 
• A l’enfermement des enfants dans les centres de rétention
• Aux menaces qui pèsent sur l’avenir des pensions de reversion
• A l’amélioration des conditions du don du sang
• A la défense du statut de volontaire des pompiers qui est menacé par une directive européenne maladroite

Dans cette liste, non exhaustive, du travail que j’ai eu l’honneur de conduire, il y a ce qui m’a plu et il y a ce qui m’a moins plu :

Je n’ai pas aimé siéger dans la commission d’enquête sur l’Affaire Benalla, sauf pour y prendre des leçons sur l’art d’esquiver les questions

Je n’ai pas aimé le Gouvernement qui a fait la sourde oreille quand je lui ai dit à moult reprise que la loi sur les 80 km/h était une bombe à retardement. Seul Gérard Collomb était d’accord avec moi mais ne pouvait pas le dire.

Je n’ai pas non plus aimé que l’on considère de nombreuses terres en Ardèche comme trop peu productives et par conséquent devant sortir des aides européennes. Ça s’appelle la double peine.

Je n’ai pas aimé le petit tripatouillage au moment du vote du budget qui a placé l’Ardèche dans les départements riches et qui a permis au Gouvernement de ponctionner 760 000€ sur la dotation du Conseil départemental.

Et puis il y a ce que j’ai aimé.

Lorsque je suis arrivé en courant, dans l’hémicycle, que je suis entré le dernier et que nous avons repoussé d’une seule voix la suppression des exonérations de cotisations des saisonniers, qui concerne des centaines d’entreprises en Ardèche

J’ai aimé le discours du Président de l’Assemblée quand on a posé une plaque sur les fauteuils de Jaurès et de Clémenceau

J’ai aimé l’unité nationale du Parlement lorsque chaque groupe politique a rendu hommage au Colonel Beltrame lâchement assassiné

J’ai aimé voté la suppression du mot « race » dans notre Constitution

J’ai aimé créer l’amicale parlementaire de la châtaigne en juin dernier avec mes 2 collègues Députés Fabrice Brun et Michèle Victory

J’ai aimé cet échange avec le Président Richard Ferrand au sujet du marché des écharpes de Députés et je suis heureux et fier de vous dire que ce sont les établissements Blanchard de Saint-Julien Boutières qui ont été retenus par l’Assemblée Nationale pour confectionner ces nouvelles écharpes !

Enfin j’ai aimé la liberté que j’ai toujours eu de voter en conscience ce que je voulais.

Mais tout cela appartient au passé et ce qui nous intéresse désormais, c’est l’avenir.

Bien malin celui qui pourra dire ce que sera 2019.

D’abord parce que notre pays est entré dans une zone de turbulence sociale comme il n’a jamais connu.

La France est ainsi faite. C’est une cocotte minute qui encaisse la pression sans rien dire pendant des mois, voire des années. Puis le moment venu, le couvercle s’arrache de la cocotte.

Force est de constater aujourd’hui qu’il y a des Français, non seulement qui SE SENTENT incompris, mais QUI SONT probablement réellement incompris. Ils ont enfilé des gilets. Vous en connaissez la couleur.

Je n’oublie pas que cette mobilisation a entraîné la mort tragique de 10 personnes et j’ai une pensée pour elles.

Parler des gilets jaunes est un exercice compliqué. Parce que certains les réduisent à d’insupportables casseurs. Parce que d’autres sont lassés d’être contrains tous les jours sur la route. Parce que d’autres encore en ont subi les conséquences économiques et leur exaspération est légitime.

J’ai essayé de comprendre le mieux possible ce mouvement, cette révolte très populaire, très spontanée, qui s’est construite au nez et à la barbe des Partis et des Syndicats. Je n’ai jamais tenté de les instrumentaliser, de les récupérer et j’ai respecté leur indépendance.

Je n’ai pas la prétention d’avoir mieux compris que d’autres. Mais j’en ai rencontré beaucoup. J’ai parlé avec eux. Je l’ai fait sans démagogie, sans jeter de l’huile sur le feu et en essayant de porter la parole de ceux avec qui j’étais d’accord.

Dans la diversité des revendications, je dois laisser de côté toutes les contradictions et toutes les confusions :

• ceux qui veulent moins de taxes, mais plus de services et de protection sociale, 
• ceux qui veulent renverser le système alors même que ce système les protège parfois, 
• ceux qui confondent le peuple et la foule,
• Ceux qui applaudissent les policiers un jour, puis qui les caillassent le lendemain
• ceux qui utilisent la détresse sociale pour gagner des voies aux élections européennes,

Je dois mettre tout cela de côté pour ne pas occulter la réalité d’une France qui souffre réellement.

Celle de ces retraités que j’ai croisé et qui vont faire le plein de nourriture aux Restau du Coeur, celle des commerçants, des artisans, des patrons de PME qui bossent pour à peine le SMIC, je garde aussi en mémoire ces mères isolées qui ne remplissent pas le frigo, ces ouvriers, ces salariés, sans perspective d’évolution, ces bénéficiaires de l’Allocation Adulte Handicapé définitivement enfermés dans leur condition, et bien d’autres visages encore.

Ce sont ceux-là qui m’importent. Je ne suis pas élu pour améliorer le sort des riches et des bien portants qui n’ont pas besoin de moi. En revanche, je ne peux pas me résoudre a la fatalité pour ceux qui désespèrent et faire comme s’il s’agissait d’une simple colère.

A ceux-là, je veux leur dire que ce qui se joue tous les samedis à Paris dessert malheureusement leur cause. Si la contestation se transforme en un combat politique pour faire tomber le régime, alors elle s’arrêtera car les Français sont profondément Républicains et ne veulent pas d’une crise de régime.

Mais ne peux pas non plus cautionner les chiffres fantaisistes donnés par le Ministère de l’Intérieur sur les mobilisations.

Dans cette période, je défendrai toujours celle ou celui qui veut s’arracher à sa condition et qui se mobilise pour ça. Celui qui veut vivre dignement de son travail, qui refuse de vieillir dans la précarité, qui aspire à un avenir meilleur pour ses enfants.

Mais je condamnerai aussi ceux qui cassent, ceux qui agressent, ceux qui distillent sur des tracts leurs discours antisémites ou racistes. Et je veux rendre hommage aux forces de police, de gendarmerie, mais aussi aux pompiers, qui dans ces instants difficiles, sont le visage de la République. Probablement que l’on me rétorquera qu’il y a eu des violences policières. Celles qui sont commises au mépris des règles de droit, je ne les cautionne pas plus.

A ce mouvement démarré le 17 novembre, il faudra apporter des réponses de long terme qui tardent à venir.

La question du pouvoir d’achat ne peut se régler par des primes ou des allocations supplémentaires. Plus que du pouvoir d’acheter, il s’agit du pouvoir de vivre dignement par son salaire ou sa pension.

La grande réforme fiscale sans cesse repoussée devra avoir lieu, ne serait-ce que pour se pencher sur les 509 niches fiscales en France qui représentent 90 milliards d’euros de manque à gagner

Il faudra aussi un jour que l’Europe, si elle veut qu’on l’aime, s’attaque plus encore au blanchiment d’argent qui représenterait plus de 200 milliards d’euros pour la France.

Tout comme il faudra considérer sérieusement les fortunes amassées par les Google, Amazon ou Facebook et l’ampleur du business en ligne qui détruit des emplois locaux et rapporte si peu dans les caisses de l’Etat.

Mais il faudra aussi admettre la vérité. On ne peut pas partir à la retraite plus tôt si on n’est pas capable d’accroitre le nombre d’actifs qui ont vocation à financer ses retraites.

On ne peut pas sous-cotiser et attendre de grosses pensions.

On ne peut pas creuser la dette à l’infini, sauf à se rendre dépendant de ceux qui nous prêtent de l’argent et dont nous finirons par être les obligés.

Je ne sais pas si le grand débat national annoncé par le Président de la République, permettra d’aborder sérieusement ces questions. J’en doute. A titre personnel, je suis guère convaincu par ce genre d’initiative et je redoute le grand bla bla décentralisé pour amuser la galerie.

Je souhaite surtout bonne chance à la Commission Nationale du Débat Public qui va devoir faire le tri après 2 mois de consultation. Le risque de frustrations est grand.

Mais peu importe mes doutes. J’y prendrai ma part car c’est mon devoir.

Je réclamerai surtout que ce débat ne repose pas sur des questions démagogiques, soigneusement choisies, qui flatteront certains sans rien résoudre du tout. J’en prends une au hasard: réduire d’un tiers le nombre de Députés. Ça sera plébiscité j’en suis sûr et ça fera un tabac chez les populistes. Ça ne fera pas un centime d’économie puisque le budget sera laissé à l’Assemblée.

Et surtout ça ne posera pas la bonne question, c’est à dire le rôle du parlement, c’est à dire des représentants du peuple dans notre démocratie.

J’aimerais que ce débat soit l’occasion de parler de l’Ardèche. Un cahier de doléances, ça ne peut pas être la liste de nos rêves ou de quelques idées fumeuses. Nous aurons à porter les bonnes questions et à dire concrètement nos attentes :

• Quel peut être le rôle de l’Etat pour favoriser le développement économique dans une Ardèche contrainte par sa géographie, ses déplacements ?

• Comment on sécurise nos hôpitaux qui ne parviennent plus à attirer et à fidéliser des praticiens ?

• Quelles dispositions peuvent nous permettre de ne pas fermer une maternité au motif qu’il n’y a pas de pédiatre disponible ? (Et je remercie celui qui revenu avant l’heure)

• Comment on s’assure que chaque Ehpad dispose d’un taux de personnel minimum pour s’occuper correctement des personnes âgées ?

• Quand est-ce qu’on remet un peu de justice dans les dotations de l’Etat aux départements qui n’ont plus aucun sens aujourd’hui?

• Comment on ouvre des antennes d’IUT pour que l’Ardèche ne soit pas totalement exclu du monde universitaire?

Les questions sont nombreuses. Elles ne devront pas nous éloigner des sujets locaux.

De ce point de vue, 2019 sera une année déterminante pour l’hôpital de Privas.

Je salue tous ses personnels. Ils travaillent dans des conditions difficiles. Ils méritent qu’on leur trace des perspectives, qu’on sorte du bricolage pour stabiliser les activités, stabiliser les équipes, reconstruire la confiance dans le service public hospitalier.

Dès 2017 j’ai attiré l’attention de l’ARS sur le malaise de l’établissement. Je regrette une réaction tardive qui a conduit à une mise sous tutelle devenue nécessaire. Un administrateur a été nommé et fera des propositions en mars. Il ne peut s’agir d’une liste de sacrifices pour nous expliquer qu’il suffit d’aller à Valence ou à Montélimar.

Si des renoncements s’imposent, je n’accepterai jamais qu’une ville Préfecture ne dispose pas des services qui font la caractéristique d’un hôpital: un service d’urgence, une maternité, de la chirurgie, un service de médecine. Nous sommes prêts à partager l’offre hospitalière avec d’autres établissements sur le territoire. Nous ne serons jamais disposés à faire du CHVA un grand centre gérontologique, autrement dit une maison de retraite médicalisée.

D’autres grands chantiers devront être finalisés pour être lancés dans les années suivantes. Je pense notamment à l’hôpital local de Viviers dont l’état n’est plus tolérable pour la patients comme pour les personnels.

Enfin, pour terminer, je crois que 2019 sera l’année où nous devrons apprendre à revivre ensemble.

Vaste projet dont je ne détiens pas le secret. Mais puisque c’est la période des voeux, permettez-moi d’en formuler quelques-uns pour conclure mon propos.

D’abord que l’on sorte de la dictature de l’urgence. Il y a l’urgence sociale, l’urgence économique, l’urgence écologique, l’urgence démocratique.

Ensuite que l’on sorte de la dictature de l’alerte. Il y a l’alerte neige, l’alerte cru, l’alerte incendie, l’alerte orange, l’alerte à la grippe et bien d’autres.

Peut-on penser vivre mieux si l’on soumet nos vies aux urgences et aux alertes ?

L’urgence nuit à la démocratie, nuit à la santé, nuit au vivre ensemble.

L’alerte est anxiogène et déresponsabilisante.

C’est ainsi que 2018 a consacré un nouveau mot symptomatique dans notre vocabulaire. La « nomophobie ». C’est une phobie excessive, liée à la peur d’être séparé de son téléphone mobile.

Et bien que 2019 nous apprenne à retrouver le sens du temps et à délaisser les outils dont nous devenons les escales au motif qu’il faut gagner du temps.

Il ne s’agit pas de faire nécessairement l’éloge de la lenteur, mais de cesser de vouloir gagner du temps à tout prix avec un comportement boulimique à son égard.

Apprenons à prendre le temps; et à le perdre un peu aussi parfois.

Apprenons à regarder autour de nous. Cela demande du temps. Mais du temps utile pour comprendre nos proches et comprendre le monde.

Apprenons à donner du temps. C’est gratuit de donner du temps.

La douceur de vivre en Ardèche doit nous y inviter. Pas de métro à attraper en courant. Pas de queue interminable dans les grands magasins. Pas de bouchons insupportables sur le périphérique.

En Ardèche plus qu’ailleurs, on pourrait vouloir retrouver le temps des saisons. Le temps des champignons sur le plateau, le temps des baignades à La Neuve, le temps de la saison théâtrale, le temps des voies vertes le long de la Payre, le temps des castagnades, le temps d’aimer, le temps de manger et de dormir, le temps de lire et d’aller au ciné, le temps des copains, le temps de travailler et de jouer, le temps de souffler et de respirer, le temps d’en rire.

Quant à moi il est temps de vous souhaiter la santé, l’amour, l’envie d’avancer (en prenant votre temps), vous souhaiter de concrétiser vos projets, d’en faire naître de nouveaux, vous souhaiter du bonheur à vous-même et à vos proches… vous souhaiter une très belle année 2019 à toutes et à tous!

Je vous remercie ! »